Il s'agit donc d'un eczéma assez mystérieux, sur lequel on sait à la fois beaucoup et peu de choses, en dehors du fait qu'il est généralement héréditaire. L'analyse montre qu'il y a souvent beaucoup d'Ig E, mais, comme ce n'est vérifié qu'une fois sur deux, on ne peut pas entièrement attribuer l'existence de cet eczéma à la présence des Ig E.
Ce qu'on observe systématiquement, par contre, c'est que le patient a la peau plutôt sèche et grisâtre, qui desquame beaucoup, et qui démange pour un rien (seuil du prurit très bas). En conséquence, il est sensible à toutes sortes de contacts : l'eau de la toilette, le changement de température, la sudation, le contact des vêtement de laine ou de nylon. Le seul fait de se déshabiller peut lui donner envie de se gratter. Une émotion peut déclencher une crise de démangeaison.
" L'atopique, dit le Dr Touraine, est un hyperactif, un surdoué dans l'enfance, mais qui, à l'âge adulte, isolé, devient dépressif, avec tendance aux sautes de caractère et perte de confiance. " Cela tendrait à indiquer que les facteurs psychologiques ne sont pas étrangers au mal. La maladie serait donc psychosomatique. Ce serait pour l'individu un moyen d'évacuer ses tensions et conflits cachés. Maïs rien n'est encore prouvé sur ce point.
En tout cas, l'atopique commence à avoir de l'eczéma dès le deuxième mois de sa vie. Surtout sur les joues, le front, le pouce sucé. Cet eczéma n'est pas toujours rouge, mais il est vésiculeux et suintant. Si l'enfant se gratte, il peut s'infecter. Les parents doivent donc agir.

Vers dix ans, l'eczéma, qui a sévi quelques mois, revient, le plus souvent dans les plis, plis du coude, des aisselles, des jambes. On remarque souvent une fissure sous le petit orteil, ou bien une fissure sous le lobe de l'oreille. Ce détail peut être isolé, ne pas traduire de l'eczéma, mais il indique que la tendance est là.
Après la deuxième enfance, l'évolution est imprévisible. Le passage de la puberté se déroule dans le calme. On peut voir revenir l'eczéma vers trente ans, voire plus tard.

Traitement

On peut laisser passer l'eczéma du bébé, ou, s'il est très envahissant, le traiter avec une crème à la cortisone. Il faut savoir bien l'utiliser et ne jamais arrêter brusquement pour éviter le phénomène de rebond.
L'eczéma de la deuxième enfance peut être soigné à l'hydrocortisone jusqu'à disparition des plaques et de la démangeaison. Là encore, il faut réduire l'utilisation du médicament au fil des jours, sous la surveillance du dermatologue. Un traitement hebdomadaire ou bihebdomadaire peut être recommandé.
Les poussées de l'âge adulte seront soignées de la même manière. On indique qu'il faut s'abstenir de prendre des médicaments antihistaminiques, contrairement à l'urticaire, éviter la corticothérapie générale, toujours dangereuse, sauf nécessité absolue.
Des conseils de mode de vie sont donnés, tels que :
— ne pas porter de vêtements de laine ou en matière synthétique ;
— porter des sous-vêtements de coton ;
— éviter la poussière et ne pas avoir d'animaux domestiques chez soi, tels que chiens ou chats ;
— graisser la peau en permanence avec des crèmes du commerce, car la peau de l'atopique est sèche ;
— mettre dans le bain une huile spéciale et ne pas prendre trop de bains ;
— changer souvent d'air et soigner tous les bobos très sérieusement avec de bons produits ;
— n'omettre aucun vaccin sauf le vaccin antivariolique ;
— faire éventuellement des cures thermales ;
— enfin, ne pas s'obnubiler sur son eczéma, ne pas se prendre pour le centre du monde, ne pas se croire poursuivi par la malchance ou voué à un sinistre destin. La famille elle-même, quand l'enfant est petit, ne devrait pas accorder trop d'importance à cet eczéma. N'oublions pas que le facteur émotionnel joue probablement un rôle dans le déclenchement des crises.

Nota : Les allergiques atopiques réagissent vigoureusement aux piqûres d'insectes. La réaction peut aller de l'énorme bouton, suite à une piqûre de moustique, avec démangeaison insupportable, jusqu'au gonflement général après une piqûre de guêpe. Une poignée d'aoûtats suffira à couvrir le corps de marques rouges. Une tique déclenchera une énorme fièvre, voire une forme de typhus. Avant d'avoir été piqué, on ne peut pas savoir comment on va réagir. En conséquence, il serait bon de se déplacer, en été, en compagnie de son médicament anti-piqûres d'insectes.

Il en existe en pharmacie. En cas de grosse crise, voir le médecin qui administrera un antibiotique, voire injectera un corticoïde.

Confusions possibles.

Beaucoup de troubles dermatologiques ressemblent à l'eczéma. La dermatite séborrhéique, par exemple, lui ressemble, sauf qu'elle loge presque toujours sur le cuir chevelu au début, et descend ensuite vers le visage, surtout dans les plis du nez puis sur le corps dans les grands plis. On soigne cette affection avec des corticoïdes faiblement dosés.

La dermatite herpétiforme ressemble à certains eczémas. On a des placards rouges mal délimités, qui démangent beaucoup, avec des vésicules qui suintent et forment des croûtes. On peut en avoir plein le fessier. Cette maladie se guérit très bien avec des sulfones et un régime sans gluten.
Enfin, certaines mycoses ressemblent à l'eczéma. Elles portent le nom de dermatophyties, du nom de leur agent qui est un champignon.