Qui sait ce qu'est un savon ?
La réponse paraît simple, et pourtant... Le savon, dissolvant des graisses, est obtenu par l'action d'un alcali, la potasse (savons mous) ou de la soude (savons durs) sur un corps gras (suif, graisse, huile végétale) qu'il émulsionne. Résultat : en solution dans l'eau chaude ou froide, le savon dissout les impuretés et les sécrétions de la peau. Avec le savon, nous voilà propres de la tête aux pieds !
Mais en même temps, sous son action, forcément alcaline, l'épiderme, au pH normalement acide, perd son acidité pour trois heures environ. Son film hydrolipidique, invisible, disparaît pendant une heure, rendant l'épiderme vulnérable, moins résistant à l'infection. Donc, trop détergent, le savon dessèche les épidermes mal lubrifiés.
Ne nous attardons pas devant les savons tous usages, qui lessivent aussi bien le linge que la peau. Avec eux, les risques d'intolérance, d'irritation, de dessèchement, ne sont pas loin. Mais ne les mettons pas au pilori : certains épidermes résistants ne semblent pas pâtir des nettoyages un peu rudes.
En parfumerie, on trouve des savons de beauté intéressants pour la peau. Obtenus par saponification, ils sont nettement plus agréables. La fabrication est raffinée, la purification plus poussée. La combinaison de ces pâtes onctueuses comprend des matières premières de bonne qualité, des ingrédients de conservation, des parfums délicats. Il existe toute une gamme de savons, aux fleurs, aux herbes, aux fruits, qui agrémentent la toilette. Certains savons de toilette sont enrichis d'éléments surgraissants pour éviter les transformations chimiques : huile d'amandes douces, lanoline, huile de calendula. Ces corps gras sont destinés à neutraliser au maximum l'action décapante du savon et se substituent sur la peau au film hydrolipidique éliminé par le lavage. Ils sont de plus en plus nombreux à posséder ces qualités, mais sont aussi plus chers.
Les pains dermatologiques, appelés aussi " syndrets ", n'ont du savon que l'apparence puisqu'ils ne contiennent pas de savon. Ils conviennent dans les villes, où l'eau est souvent trop calcaire. Pourquoi ? Dans leur composition entrent trois quarts d'éléments lavants doux et un quart de crème de beauté ; leur pH neutre, ou légèrement acide en solution, respecte l'équilibre physiologique de la peau ; ils sont insensibles aux effets calcaires de l'eau, ne formant aucun dépôt dans la baignoire ou le lavabo ; leur formule est compatible avec de nombreux adjuvants traitants, adoucissants, antiseptiques, amincissants.
Les savons-crèmes sont à mi-chemin entre le pain dermatologique et le savon. Ils réunissent les avantages et les propriétés des deux. Ils se présentent en tube et en mousse.
Tous les savonnages doivent être suivis d'un rinçage à grande eau, surtout après le bain, car l'eau du bain, déjà souillée, resalit. Sans rinçage, la peau devient sèche et rèche, encrassée de cellules mortes. Le lavage à l'eau douce, eau de pluie, est toujours préférable pour la peau du visage autant que pour celle du corps. Malheureusement, qui aujourd'hui peut prétendre faire sa grande toilette à l'eau douce ?...
On reconnaît un bon savon aux qualités suivantes :
- Un bon savon est sec, de couleur tendre, légèrement parfumé. Il dure longtemps et fait peu de bulles.
- Un mauvais savon fond rapidement, mousse beaucoup, est de couleur vive et de parfum tenace.